samedi 20 mai 2006

Garth Brooks - Connerie & Western

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Mais comment ai-je pu vivre sans lui ? Comment ai-je pu vivre sans connaître Garth Brooks ?!!!!!! Heureusement qu'Internet était là pour venir éclairer ma lanterne.

Vous me connaissez, je suis un gars sympa qui essaie toujours de relativiser et tout et tout... j'ai donc voulu aller faire sa connaissance en toute objectivité. Las ! Aussi objectif que je sois... il suffit de regarder la jolie pochette avec la tronche du mec (et son chapeau) et en incrust la belle banière étoilée pour comprendre de quoi il retourne...


Et ma foi, si vos neurones n'arrivent pas à faire la connexion d'eux-mêmes, il vous reste toujours la plus belle invention musicale depuis la guitare électrique : le coton-tige. Parce que moi je suis un fou dangereux en liberté, un kamikaze de la musique ! Pas du genre à m'arrêter à une pochette... et je n'ai pas juste écouté ! J'ai acheté ce disque. Pourquoi ? Parce que j'ai un immense défaut, qui un jour me perdra : je suis curieux de tout. Et lorsqu'on me parle de manière élogieuse d'un truc que je ne connais pas, je fais tout pour le découvrir...

On m'avait pourtant prévenu : "Les professionnels, les critiques et les amateurs de country n'ont pas vu d'un bon oeil le style de Garth Brooks..." Bah alors si ni les professionnels, ni les critiques, ni les amateurs de country n'ont apprécié, qui reste-t-il pour acheter les disques d'un connard multi-millionaire qui continue cependant à se faire passer pour un bon p'tit gars de la bonne terre d'Amérique proche du peuple ? Qui reste-t-il pour l'aimer, Garth Brooks, à part les incultes ?

Sur The Hits il y a bien une chanson magnifique et dont le titre est clair sur ses intentions : "Shameless". Manque de bol, c'est une reprise de Billy Joel (attendez : le mec il reprend Billy Joel... c'est-à-dire qu'il a le choix entre un demi-siècle de musique populaire américaine, et lui il reprend BILLY JOEL... y a un probleme, là... bon, Billy Joel c'est sympa mais j'en sais rien moi, c'est pas le premier truc que j'aurais envie de reprendre... même si j'étais un connard de redneck). Pour le reste, si on voulait faire court, on dirait ceci : Garth Brooks est à la country ce qu'André Rieu est à la musique classique. Franchement j'en ai entendu des daubes dans ma vie, mais ce disque là il rentre direct dans le Top 10 des pires trucs que j'ai pu entendre... je crois que même Lorie a des textes plus fouillés que celui de "Rodeo".

Oui vous avez bien lu : il y a une chanson qui s'appelle "Rodeo". Une autre s'appelle "Papa Loved Mama", une autre "Callin' Baton Rouge", une autre "American Honky-tonk Bar Association"... rien qu'à lire les titres le décor est planté : on est en plein far-west, chez les bons vieux cowboys... arrivé à la piste 9 ("Unanswered Prayers" je crois) je m'attendais à voir John Wayne surgir dans la pièce. Mais John Wayne est encore beaucoup trop classe pour Garth Brooks... son cowboy préféré ça doit plutôt être Terrence Hill dans le rôle de Lucky Luke. Je le vois d'ici Garth, la chique à la bouche en train de nous chanter "That Summer", le banjo en bandouillère. Pire que tout, ce mec a osé écrire une chanson appelée "The River" (pour les non initiés en matière de country/folk c'est également le titre d'un immense classique du genre écrit par Bruce Springsteen). J'ai écouté le disque trois fois et soudain, j'ai pas pu me retenir, j'ai téléchargé une vidéo live, c'était pas possible, je voulais voir ça de mes yeux vus.... Je n'ai pas été déçu !

On a souvent dit que Johnny Cash ou Willie Nelson représentaient la face sombre de l'Amérique. Garth Brooks en représente la face conne. Chacun sa croix.

Donc vous avez le choix : soit vous allez trouver ça ridicule, soit vous allez trouver ça débile soit vous allez être outré qu'un disque aussi réactionnaire, aussi démagogique existe, dans la mesure où c'est quand même un vrai truc pour caricatures d'Américains texans (donc c'est puritain, catho et xénophobe). Il manque juste l'insigne de la National Riffle Association et les remerciements à Charlton Heston pour que le tableau soit complet. Se rend-il au moins compte qu'en exportant ses disques à l'étranger il fait un mal fou à son pays ? Ce mec là justifie à lui seul quatre décennies d'anti-américanisme primaire. Au bout de la dixième écoute (oui parce que je suis un forcené moi), j'ai enfin compris pourquoi David Bowie chantait "I'm Afraid of Americans". C'est vrai que ces Américains là, ils font peur.


👎👎 The Hits 
Garth Brooks | Liberty Records/EMI, 1994